Des fantômes au Mont-Gargan

On parle souvent d’un château hanté au Mont-Gargan. Il existe bien, derrière les actuels immeubles dits de « La chasse », route de Lyons-la-Forêt. Une fois les brumes émanant de l’Aubette voisine dissipées, les restes d’une tour apparaissent, surgissant de la nuit des temps ou de l’oubli. Nous n’entendons pas les bruits de chaînes d’un revenant pris d’insomnie, ni les cris de vengeance d’un enfant noyé en ces lieux. L’histoire de ce site semble tout autre, mais aussi cruelle.

Avant l’achat des lieux par la ville de Rouen, pour 270.000 frs, par décision municipale du 5 décembre 1966, pour y construire deux immeubles locatifs, existait en ces lieux un manoir de la Pannevert, dit de « La Madeleine », construit au XVII° s. Il était constitué d’un grand pavillon en forme de U, à un étage, mansardé, de communs, d’un plan d’eau (notre Loch Ness !) et surtout d’une source qui, la nuit, pouvait faire penser à la causerie d’un revenant bavard. Ce domaine appartenait avant à la Chartreuse de la Rose, qui le vendit en 1750 aux ecclésiastiques de La Madeleine.

Soulignons que la route de Lyons n’existait pas à cet endroit. Elle s’arrêtait au niveau de l’actuelle rue Lebrument , près de la filature Léveillé. Il semblerait que c’était une annexe du vieux Hôtel-Dieu de la Madeleine, établi tout près de la cathédrale de Rouen, avant qu’il n’émigre, à l’ouest de Rouen, le 17 juillet 1758.

Rappelons qu’à partir d’avril 1619, une grande peste commença à Rouen. Elle allait durer quatre ans. L’hôpital de la Madeleine étant saturé par les pestiférés, il fallut trouver d’autres endroits pour évacuer ces malades. L’établissement du Mont-Gargan comptait-il parmi ces lieux ? Ce serait donc les cris de désespoir de ces pauvres malheureux que l’on entendrait ?

En 1966, le domaine de 9.766 m2, propriété de mme Mathilde Pélissier-Hautpois, était partagé par neuf locataires. Une recherche en archives apporterait d’intéressantes et plus précises informations.

© Copyright Dominique SAMSON - Septembre 2007