La Mouette, ou les débuts de l'aviation

Comme maintenant les futurs voyages sur Mars passionnent les férus de science ou de technologie, de même les débuts de l'aviation ont suscité l'enthousiasme de nombreux mécaniciens rêvant d'être le nouvel Icare.

A Rouen, en 1909, une trentaine de personnes élaboraient des prototypes de nouveaux avions monoplans ou biplans. Parmi eux, dès 1906, deux frères, Philippe et Louis LEFEBVRE, travaillaient à la réalisation d'un aéroplane. Sur le jardin de leur maison près de la place du Boulingrin, ils expérimentent plusieurs modèles différents, qu'ils lancent du haut des pylones dressés sur place. Ils tentent de faire voler une maquette au 1/5ème sur la place du Boulingrin. Un caoutchouc, se détordant donne la propulsion et l'ancêtre de l'airbus, malgré les cailloux jonchant le sol, vole sur plusieurs mètres. Les deux frères finissent par créer un avion baptisé « la mouette », testé pour la première fois à la Mailleraye, en 1911. Ensuite, ils installent leur atelier au n°79, route de Lyons-la-Forêt, les statuts de la société ayant été déposés le 20 novembre 1909. Une carte postale de l'époque représente les lieux.

Des vols sont effectués au champ des Bruyères, actuel parc des expositions, en juin 1912, par une « Mouette » n° 4, à ailes extensibles et coulissantes, l'envergure pouvant passer de 21m à 13 m., selon le poids décroissant des marchandises transportées. Cela permet d'économiser du carburant. Déjà ce souci! Le brevet de cet avion a été déposé le 15 décembre 1910 et ce sera le premier appareil de ce type à voler au monde. Le procédé sera repris par Makhonine vers 1931. Le 25 août 1912 et en septembre de la même année, « La Mouette » n°5 survole Rouen, créant une grande curiosité. Peut être a-t-elle survolé le Mont-Gargan ? La société des aéroplanes « La Mouette » est à l'origine du terrain d'aviation du Madrillet, inauguré les 11 et 12 Mai 1913. Les LEFEBVRE avaient également mis à l'eau, le 9 octobre 1912, à Amfreville-la-Mie-Voie un « hydro aéroplane ».

Malheureusement à cause de soucis financiers, (il lui manquait 2000 francs pour poursuivre), déprimé, Louis LEFEBVRE se suicide en se donnant un coup de revolver. L'atelier, route de Lyons-La-Forêt sera repris par Fanise constructeur.
On verra encore des mouettes à Rouen, mais ce ne seront pas les mêmes.

© Copyright Dominique SAMSON - Juin 2007