Un colonel au Mont-Gargan

Dans une chronique précédente parue en septembre 2001, nous avons vu que les garages municipaux, route de Lyons-la-Forêt, étaient à l'origine une filature du nom de son propriétaire Léveillé. Puis ce fut, après 1880, une caserne du nom de Trupel. Qui était ce militaire ? II naît à Yyetot le 12 janvier 1771. Son père, Adrien Jean Baptiste, est un simple artisan. La maison natale existe toujours à Yvetot, dans la rue qui porte son nom. L’ histoire montre que les soldats, issus de milieux très modestes, à partir de la Révolution française, vont ensuite faire de brillantes carrières militaires sous l’empereur Napoléon.

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Ce fut le cas pour notre Jean-AimableTRUPEL. Napoléon 1° le surnomma «le brave ». Au cours de plusieurs décennies sous les drapeaux de la République et de l'Empire, il participa à vingt-trois campagnes et reçut six coups de feu et autres blessures. Le 3 décembre 1800, le général Moreau à la tête de l'armée du Rhin, combat l'archiduc Jean d"Autriche à Hohenlinden, en Bavière. Alors lieutenant, Trupel à la tête de la demi-brigade, en profite pour piquer un obusier aux autrichiens Au passage de Kehl dans le Bade-Wurtemberg, en face de Strasbourg, imitant l'exploit attribué à son dieu empereur, il s'empare du drapeau du bataillon qu’il commande et passe en force sur le pont en criant : «Quiconque a de l'honneur, me suive ! ».

Le 21 octobre 1812, nommé commandant, avec 400 hommes du 19° de ligne, il capture 1800 prisonniers dans la forêt de la Wilna, en Russie. Le 29 novembre de la même année, alors qu'il vient d'être nommé colonel, son régiment réduit à 1400 hommes, il contraint, à Borisow, une colonne de 15000 soldats russes à lui laisser !e passage sur !a rivière Bérésina. Devant Dresde, l'Empereur lui propose le grade de général de brigade, mais il refuse la promotion. Il préfère rester colonel, car cela lui permet de rester avec ses soldats avec lesquels il entretient des liens affectifs et des souvenirs de rudes batailles. Couvert d'honneurs, chevalier de la Légion d'Honneur dès la création de cet ordre en 1802, puis officier en 1810, chevalier l’Ordre de Saint-Louis, il est nommé baron d ‘Empire le 11 juillet1813. II fut le chef et l'ami de la Tour d’Auvergne, premier grenadier de France, qui expira dans ses bras, mortellement blessé à Oberhausen, en Allemagne, en juin 1800. Mais tout a une fin. Plus d’Empereur, plus de carrière. II est congédié de l’armée en 1815.

II se marie à Déville-lès-Rouen avec une bretonne, Joséphine Dubreuil le 24 janvier1825. Elle décède le 27 janvier 1832. Habitant alors au n° 34, place Beauvoisine, à Rouen, il finit ses jours au n° 8 rue de l'Avalasse, dans la même ville, où il décède à son tour le 14 mai 1850.
II est inhumé au cimetière monumental, où on peut toujours voir son monument payé par ses anciens compagnons d'armes sur un terrain offert par la ville de Rouen. Quel homme…

© Copyright Dominique SAMSON - Janvier 2002